L’expression “plafond de verre” pour parler de l’emploi des femmes a été introduit aux États-Unis au début des années 1980 pour signaler le blocage à la progression de carrières, des rémunérations et des honneurs, auquel sont confrontées les femmes, pour diplômées et compétentes qu’elles soient. L’expression n’est pas seulement adaptée au secteur privé; elle rend parfaitement compte de la situation de l’enseignement supérieur et de la recherche (en France comme dans la plupart des pays développés) -mais aussi des hauts fonctionnaires (cf. l’article “Le plafond de verre dans les ministères”).
Il faut d’abord noter que la proportion des chercheuses n’a pas sensiblement évolué au CNRS depuis la création de l’organisme aux lendemains de la guerre (environ un tiers des chercheurs). A l’université, en revanche, les femmes ont massivement accédé aux postes de maîtres de conférence (où elles représentent désormais la moitié des effectifs, avec des différences assez marquées selon les disciplines). Mais, toutes, dès qu’il s’agit d’accéder au rang supérieur (professeur des universités ou directeur de recherche), se heurtent à ce solide plafond de verre. Au CNRS, selon le rapport sur la parité de 2012, elles sont 37,3% des chargés de recherche, mais 26,7% seulement des directeurs de recherche. Et le chiffre décroit à mesure que l’on monte les échelons. En classe exceptionnelle, elles ne sont plus que 10%.
Ce plafond disparaitra-t-il à mesure que passe le temps? La proportion de femmes augmente, comme en témoigne la progression chez les universitaires. Hélas, en temps de crise, la situation se durcit et le plafond tend à se renforcer. Selon la sociologue Catherine Marry, spécialiste du travail et du genre, les obstacles à la promotion des femmes augmentent plutôt. Et des retours en arrière sont déjà observés. Comment faire sinon en prenant des mesures actives en faveur des femmes? Les bilans et commissions sont peu efficaces, mais dans un cas au moins, des politiques actives ont eu un impact : la police dans laquelle, comme l’a montré Geneviève Pruvost, la pyramide habituelle est inversée: il y a plus de femmes au sommet qu’à la base.