Une milice composée de citoyens ? Non merci pour Montrouge !
Le maire de Montrouge a fait voter le 03/06/2021, en conseil municipal, la création d’une sorte de milice, c’est-à-dire une police composée de citoyens choisis parmi les amis du maire, qui auraient le souhait de faire régner l’ordre à Montrouge, avec la police ou potentiellement, en lieu et place de cette dernière.
De quoi s’agit-il ?
il s’agit de demander à un groupe de personnes, choisies selon – je cite – une charte comportant des critères « d’honorabilité » appréciés par Etienne Lengereau, de prêter main forte à la police nationale et municipale.
Il est prévu que cette milice puisse : « assurer la sécurité intérieure et extérieure de la ville ». La préfecture de police de Paris n’a qu’à bien se tenir : attention, les citoyens policiers de Montrouge veillent au grain…
Il sera donc demandé à des montrougiens de « mettre en œuvre la police de sécurité », et de remplir une mission de sécurité quotidienne alors qu’ils ne sont pas formés pour le faire.
Remplir une mission d’ordre public exige – et les policiers nationaux et municipaux le savent mieux que personne -, une qualification professionnelle. Il faut être compétent, il faut avoir le sens du service public, et connaitre les bases du droit et de notre fonctionnement institutionnel.
Par ailleurs, qui va s’assurer que ces citoyens-policiers n’outrepassent pas leurs droits ? Ils ne peuvent pas avoir le droit de surveiller, ni celui de punir. Ils ne sont pas officiers de police judiciaire, ils n’ont pas non plus fait l’école de la Gendarmerie nationale, pas plus l’École de la sécurité publique. Les policiers ont déjà bien d’autres choses à faire que de recueillir les délations inutiles de tel ou tel jalousie de voisinage. Les policiers sont là pour assurer la sécurité, le renseignement, la lutte contre le trafic de drogue et les incivilités et c’est une affaire suffisamment sérieuse pour qu’elle reste aux mains des professionnels.
Des petites communes, plutôt en zone rurale, ont eu recours au dispositif des « voisins vigilants », dans la lignée d’une circulaire ministérielle en 2011, principalement dans des zones dans lesquelles la police n’est pas présente du tout et uniquement pour partager des informations sur des cambriolages. Dans des villes plus importantes, cela a été rarement utilisé, sauf par le maire de Perpignan, RN, qui y a renoncé finalement – même lui !
A quoi servira cette « police en forme de milice » ?
Beaucoup de moyens ont déjà été consacrés à la sécurité à Montrouge, est-ce à dire que l’insécurité règne au point qu’il faut demander aux citoyens montrougiens de se charger de faire le travail de la police ?
👉 Ce projet heurte la vision que nous avons de notre société qui doit être apaisée, et du rôle du maire qui n’est pas là pour stimuler la délation, attiser les feux de la haine. Il est là pour faire de la médiation, pour rassembler et régler les conflits, pas pour les envenimer. Nous ne voulons pas de cette politique de la peur, de la délation et de la haine.
Tous les élus de la majorité actuelle, et surtout les progressistes, s’honoreraient à dénoncer ce projet, qu’ils ont pour le moment soutenu.
Le groupe d’opposition mené par Juliette Méadel a donc voté contre.
- Retrouvez l’article de Libération « Surveillance : ces citoyens qui veillent au grain »
- Retrouvez l’article des Echos « Hauts de Seine : à Montrouge, un dispositif sécuritaire de « participation citoyenne » fait débat »
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