500 000 apprentis en 2017. 10 000 dans la fonction publique ce sont les objectifs chiffrés du président de la république exprimés lors de la grande conférence sociale de juillet dernier. Le focus mis sur l’apprentissage interpelle. Surtout ce petit chiffre rond 10 000 apprentis dans la fonction publique.
Car si aujourd’hui, le secteur privé embauche le plus grand nombre d’apprentis, il accuse le coup d’un marché du travail plus frileux d’embaucher des jeunes. La fonction publique accuse elle aussi aussi le coup mais ne doit pas pour autant s’écarter du mouvement malgré les freins bien identifiés (les conditions de qualification des maîtres d’apprentissage, le coût à la charge de l’employeur public, la faible connaissance de l’emploi public, la concurrence d’autres dispositifs comme les emplois aidés et le PACTE[1]). En effet, la fonction publique a aussi son rôle à jouer en matière d’insertion professionnelle.
Et depuis la pérennisation du dispositif, celui qui permet aux administrations publiques de recourir à l’apprentissage, établie par la loi du 16 octobre 1997 relative au développement d’activités pour l’emploi des jeunes, le nombre d’apprentis au sein de la fonction publique est passé de 2600 apprentis en 2001 à 12 700 apprentis recensés pour l’année 2012.
Avec pour détails une forte concentration d’apprentis dans la fonction territoriale (11 000 agents), 700 et 900 apprentis pour la fonction hospitalière et la fonction publique d’état. Les marges d’amélioration ne sont donc pas étroites… L’objectif de 10 000 apprentis dans la fonction publique, 4000 à la rentrée 2015 et 6 000 à la rentrée 2016, sera rendu possible par la modification des règles relatives au plafond d’emploi qui assouplies en comptant un apprenti comme seulement un demi ETP et ainsi augmenter le nombre d’apprentis simultané au sein d’une même structure.
Favoriser l’apprentissage dans la fonction publique a plusieurs enjeux. Le premier est d’étendre les possibilités d’insertion professionnelle des jeunes et d’en améliorer la qualité quelque soit le niveau de diplôme. En effet, la fonction publique hospitalière pour les apprentis du secteur médico-social a un sens. En effet, l’apprentissage dans la fonction publique d’état pour les apprentis qui suivent des études de politiques publiques a un sens. Le second enjeu est celui de ne pas créer de décalage trop grand entre le monde dit de l’entreprise et celui du secteur public. Parce que la voie d’excellence pour y entrer est le concours, peu importe la catégorie, les fonctions publiques pour autant ne doivent pas se déconnecter du monde du travail.
Mais au-delà des règles d’assouplissement, encourager la fonction publique à davantage s’ouvrir est un défi culturel que la règle ne pourra pas impacter.
Pourtant le défi de s’ouvrir à d’autres formes de statut professionnel et scolaire est un enjeu de démocratisation. Trop peu de jeune pense la fonction publique comme un secteur dynamique.., mais ce manque d’intérêt est peut être lié au fait que la culture administrative a du mal à s’exporter du fait d’un système de recrutement basé sur le concours. Faire tomber les barrières, c’est ce que l’administration doit faire. Aujourd’hui un apprenti dans la fonction publique en fin de parcours doit passer les concours, s’il ne réussit pas doit-il abandonner ? Alors qu’il pourrait se voir proposer d’entrer dans l’administration en tant que contractuel pour avoir la possibilité de passer les concours sans décrocher.
L’apprentissage est un levier sur lequel il faut s’appuyer pour recréer du lien social entre génération, créer de l’ouverture, de la mixité professionnelle. La dynamique viendra aussi de la valorisation que pourra faire l’École sur les différentes offres de scolarité. La dynamique viendra aussi de la société prête à reconnaitre qu’il n’y a pas une voie qui mène à l’insertion professionnelle et sociale réussie.
Les premiers recrutements d’apprentis devront avoir lieu dès septembre 2015. Le rendez-vous est pris.