Le fort taux d’abstention aux élections législatives de 2012 est une mauvaise nouvelle.
Le désintérêt des jeunes pour la chose publique est corrélé à ce résultat. Bien sûr, l’éducation civique au collège devrait apprendre et susciter du désir pour la chose publique au sens platonicien du terme. Mais tout ceci reste trop théorique. La preuve : le faible intérêt suscité par les débats politiques, à l’exception de la campagne présidentielle chez les jeunes.
Voici une proposition qui pourrait constituer la première étape d’une éducation à l’engagement citoyen et à l’investissement public.
800 000 élèves de troisième ont planché jeudi et vendredi dernier sur le brevet national des collèges qui, dans son format actuel, évalue les connaissances des élèves de troisième en français, mathématiques, histoire/géographie et histoire des arts, leur maîtrise des connaissances du socle commun, et prend également en compte les notes obtenues en contrôle continu tout au long de l’année.
Alors que cet examen constitue pour beaucoup d’adolescents une forme de rite de passage vers les années de lycée et donc vers une nouvelle forme de liberté, il reste centré sur des compétences techniques, certes nécessaires, mais non suffisantes à l’éducation des futurs citoyens.
L’introduction d’une épreuve d’action collective au brevet national des collèges compléterait la formation technique par l’apprentissage de l’investissement individuel dans un projet collectif, par l’apprentissage de la mobilisation, par l’apprentissage de l’organisation autour d’un but commun et partagé, autrement dit par l’apprentissage concret de la participation citoyenne, ce que les quelques heures d’éducation civique dispensées aux collégiens restent incapables d’apporter.
L’action collective que devrait contribuer à organiser ou à laquelle s’engagerait à participer chaque élève de troisième pourrait prendre des formes extrêmement diverses – s’engager dans la vie d’une association, organiser d’un forum, créer un événement –, mais toujours en faveur de la collectivité.
L’épreuve d’action collective pourrait remplacer l’épreuve orale d’histoire des arts, qui évalue des connaissances certes transmises par l’école, mais qui a tendance à favoriser les élèves dont le capital culturel familial est fort et est donc source d’inégalités entre collégiens.
L’épreuve d’action collective évaluerait non les savoirs techniques des jeunes hommes et femmes que sont les collégiens mais leur capacité à exercer leur sens critique, compétence indispensable à la préservation de notre système démocratique.
L’évaluation de l’épreuve d’action collective, au contraire de celle des épreuves techniques, permettrait donc d’apprécier un engagement et non un savoir, et garantirait par là même l’égalité de départ entre tous les élèves de troisième.
L’épreuve d’action collective permettrait enfin de valoriser la réussite partagée tournée vers les autres et non le succès purement individuel.