Diverses études dressent un portrait alarmant de la confiance des Français, notamment dans la politique.
Les raisons sont multiples. Tout d’abord, la France s’illustre par son pessimisme latent, et obtient l’un des pires résultats au monde, derrière près de 40 pays ; seules 23 % des personnes sont optimistes concernant leur avenir[1]. Par ailleurs, plus de 60 % des personnes interrogées sont pessimistes quant à leur avenir[2].
Le moral des ménages est fortement impacté par les incertitudes liées à la sécurité de l’emploi (France : 60 %, pays OCDE : 61 %, pays hors OCDE : 57 %), au coût de la vie (France : 47 %, pays OCDE : 37 %, pays hors OCDE : 42 %), et au niveau des inégalités de revenus (France : 54 %, pays OCDE : 40 %, pays hors OCDE : 39 %). La France est la nation la plus inquiète[3].
Quand il s’agit de la confiance dans la politique, 79 % des personnes ont des sentiments négatifs vis-à-vis de la politique, avec des opinions tranchées (39 % éprouvent de la méfiance, 28 % du dégoût, 10 % de l’ennui ou 3 % la peur).
Ainsi, 85 % des personnes interrogées ont considéré que les responsables politiques ne se préoccupent pas d’elles. Ces mêmes personnes ont pensé, à 74 %, que ce personnel politique est plutôt corrompu.
La confiance ou la défiance à l’égard des politiques publiques ne repose pas sur une évaluation précise de leur efficacité, car les conditions d’une évaluation rationnelle des politiques publiques en matière de performance font le plus souvent défaut. La défiance politique se fonde sur le constat d’une inadéquation entre les valeurs et principes moraux portés par un individu et les règles organisant le monde politique telles qu’elles sont perçues. La confiance globale exige un double sentiment de performance et d’adéquation normative de l’action publique, autrement dit, un accord sur les principes qui l’animent et une évaluation positive de ses réalisations[4].
De plus, pour gouverner le pays, 61 % des interrogés n’ont eu confiance ni en la gauche ni en la droite.
Ainsi, entre 2007 et 2017, les Français ont été appelés à voter à 19 scrutins[5], sans compter les élections municipales de 2020. L’abstention ne fait que croître au fil des élections, avec un niveau record aux élections municipales de 2020 de plus de 55 %[6]. Cette défiance politique constitue à l’évidence le signe d’une crise.
Cette question de la défiance ou l’optimisme à l’égard du politique tient à la plus ou moins grande vulnérabilité sociale des personnes, davantage qu’à leur niveau culturel ou à leur orientation partisane. En effet, des personnes tout à fait comparables en termes de niveau scolaire font preuve d’une maîtrise très inégale des dispositifs d’action publique. Inversement, des personnes très éloignées scolairement peuvent manifester des niveaux de connaissance et d’intérêt proches.
La confiance dans les représentants politiques diffère suivant la proximité avec les administrés. Ainsi, les personnes interrogées ont plus confiance dans les représentants proches d’eux (maire, 74 %, conseiller départemental, 57 %, conseiller régional, 51 %) que dans leur député (pas confiance, 61 %) ou leur sénateur (pas confiance, 64 %)[7].
La confiance dans les maires s’appuie ici aussi sur des critères d’honnêteté (67 %), d’efficacité (tenir ses promesses, 48 %, connaître ses dossiers, 36 %) et de proximité (28 %).
Les attentes vis-à-vis des maires portent sur des décisions qui concernent la commune (préserver l’environnement, 47 %, attirer ou maintenir les services de proximité, 44 %, contribuer à plus de sécurité et de tranquillité publique, 36%…). Ces revendications peuvent résonner aussi au niveau national.
N’hésitez pas à contribuer à notre association et à rejoindre notre mouvement d’idées, où que vous soyez et quel que soit votre engagement par ailleurs.
Pour participer à notre sondage « Pour reconstruire le lien de confiance entre les citoyens et la politique et augmenter le taux de participation aux élections, quelles seraient, selon vous, les actions à mener en priorité ? », cliquez ici
Rejoignez-nous !
Pour contribuer, cliquez ici
Pour rejoindre les groupes de réflexion et nous contacter : lavenirnattendpas@gmail.com
[1] Deloitte “The Deloitte Global Millennial Survey 2019. Societal discord and technological transformation create a ‘generation disrupted’”, 2019.
[2] Sciences Po CEVIPOF, Baromètre de la confiance politique « 2009-2019 : la crise de la confiance politique », Janvier 2019, Madani CHEURFA – Flora CHANVRIL, janvier 2019.
[3] McKinsey & Company (contribution pour les Rencontres économiques d’Aix-en-Provence), « La confiance à l’épreuve des grandes mutations économiques », 07/2019.
[4] Revue Internationale de Politique Comparée, Vol. 10, n° 3, 2003 ; LES MOTIFS DE LA CONFIANCE (ET DE LA DÉFIANCE) POLITIQUE : INTÉRÊT, CONNAISSANCE ET CONVICTION DANS LES FORMES DU RAISONNEMENT POLITIQUE, Richard BALME, Jean-Louis MARIE, Olivier ROZENBERG.
[5] Sciences Po CEVIPOF, Baromètre de la confiance politique « 2009-2019 : la crise de la confiance politique », Janvier 2019, Madani CHEURFA – Flora CHANVRIL, janvier 2019.
[6] FOUCAULT (Martial) « Municipales 2020 : une élection si particulière », Note d’analyse, Sciences Po CEVIPOF, note #5, novembre 2020, 12 p.
[7] Enquête électorale française 2020, mars 2020, IPSOS, Federico Vacas, CEVIPOF, Le Monde.
Brigitte Le Guennec (19/02/2021)
Depuis 2019, Brigitte Le Guennec est consultante en communication et en réputation pour GENIED&CO.
Brigitte Le Guennec a dirigé pendant 20 ans la communication corporate Monde d’Ipsen (Euronext : IPN), groupe biopharmaceutique de spécialité (>€2 Mds) international.
Titulaire d’un Executive Master en Communications de SCIENCES PO PARIS (2020), Brigitte Le Guennec a suivi à HEC PARIS un CESA Communication « Corporate reputation et stratégies de communication » (2012).