L’Avenir n’attend pas, laboratoire d’idées sur l’éducation et la petite enfance présidé par Juliette Méadel, sort son premier rapport
Par Daniel BLOCH et Karine METAYER
La crise que nous traversons est une crise de confiance en l’avenir. Paradoxalement, l’opinion publique attend des pouvoirs publics qu’ils prennent des mesures à effet immédiat alors que la solution à une bonne partie de nos difficultés se trouve dans l’investissement à long terme. Il en est ainsi de l’avenir de nos enfants : pour sortir la France de l’ornière, il faut investir en priorité sur les jeunes générations et dès le plus jeune âge, même si les effets ne se feront sentir que dans quelques années. Aujourd’hui, la France a la particularité de connaître l’un des plus forts taux de souffrance scolaire : plus de 20% des enfants sont en difficulté à l’école. Or, vivre les premières années de sa vie dans une situation d’échec a des conséquences, au delà du parcours scolaire, sur l’estime de soi et la confiance dans les autres. Il nous appartient de créer les conditions de l’épanouissement des enfants à l’école, puis dans leur vie sociale et professionnelle.
Dans son premier rapport qui sort ce lundi, le collectif « L’avenir n’attend pas » propose trois mesures qui amélioreront la vie quotidienne des jeunes enfants sans dépense publique supplémentaire ou presque…
1° Faire de l’école maternelle un lieu d’éveil et d’épanouissement de l’enfant de 2 à 5 ans
L’école maternelle actuelle est organisée comme un environnement pré-scolaire pas toujours adapté au rythme du jeune enfant. Pourtant, elle pourrait facilement répondre aux besoins de l’enfant, et ce dès 2 ans. En effet, l’école maternelle – qui est ouverte depuis peu, aux enfants de 2 ans dans certaines municipalités- pourrait évoluer vers un jardin d’éveil qui constitue, de 2 à 5 ans, un environnement construit spécifiquement pour permettre l’épanouissement de l’enfant. La mesure phare serait ainsi la mise en place, pour les deux et trois ans, d’une structure mixte entre la crèche et l’école avec, par classe, à la fois un EJE (Éducateur de jeunes enfants) et un enseignant. Ce dispositif pourrait être mis en place dans le cadre des nouveaux « Projets éducatifs territoriaux » lancé par le gouvernement, à dépense publique inchangée.
2° Une priorité pédagogique : le langage.
Actuellement, 90% des enfants en difficulté d’apprentissage du langage dès le CP sortent du système scolaire sans qualification ni diplôme à 16 ans, pourtant les difficultés peuvent être repérées et donc surmontées dès le plus jeune âge.
Pour favoriser la réussite de tous les enfants des solutions existent, comme l’ont prouvé de nombreux travaux de recherche, en France comme à l’étranger. Elles sont de nature essentiellement pédagogique. Il s’agit de développer dès 2 ans et jusqu’au cours préparatoire inclus, une pédagogie spécifiquement dédiée au développement des compétences langagières et cognitives des enfants, avec un apprentissage prenant appui sur la phonologie et le code alphabétique. Son efficacité implique un suivi régulier des compétences acquises par les enfants, pour pouvoir traiter les difficultés d’apprentissage de façon individualisée et intensive, sans jamais laisser s’installer ces difficultés. Les enseignants doivent être spécifiquement formés à ces méthodes, – il ne s’agit pas d’une formation lourde – ainsi que l’ensemble du personnel d’animation présent à l’école, en dehors du temps scolaire (Agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles, animateurs de centres de loisirs, Éducateurs de jeunes enfants..). Par ailleurs, la réforme des rythmes scolaires portera d’autant mieux ses fruits que les animateurs des activités périscolaires, et notamment des activités de jeux, seront eux aussi formés pour contribuer à développer les capacités d’expression orale des enfants.
3° Améliorer l’accueil en offrant un petit déjeuner gratuit à tous les enfants des écoles maternelles
Aujourd’hui, de nombreux enfants vont à l’école sans avoir pris de petits déjeuners. Les nutritionnistes et médecins scolaires signalent une perte de concentration du fait de la fatigue encourue en fin de matinée. Les communes pourraient organiser, avec l’aide des entreprises agricoles ou en soutenant des AMAP, un petit déjeuner avec du lait et du pain pour tous les enfants de l’école. Ce moment d’accueil matinal, qui peut être organisé dans le préau des écoles, peut être aussi l’occasion d’un échange entre parents, enfants et enseignants. Il est de nature à transformer le rapport à l’école et à la vie éducative. Pierre Mendès France avait déjà proposé de distribuer tous les jours un verre de lait à 10 heures tous les écoliers. Aujourd’hui, de nombreuses communes pourraient ainsi donner une nouvelle vie à cette belle idée, qui pourrait être soutenue matériellement par l’Europe.
Télécharger le rapport complet en format PDF Ici : Rapport n°1 – PISA et Maternelle