Malgré les mesures importantes qui ont été engagées en France depuis 2012 pour faire face à la dégradation de la situation de l’emploi, le taux de chômage français (10,5% en 2015) reste l’un des plus élevés d’Europe. D’ici à 2017 pourtant, il est possible d’inverser durablement la courbe du chômage en repensant la formation professionnelle en France, c’est à dire en adoptant un nouveau principe : la liberté, pour le salarié, de choisir la formation professionnelle qui lui convient le mieux, la mise en concurrence des offres de formation professionnelle et la réorganisation de ses instances de pilotage.
L’objectif est unanimement partagé par les partenaires sociaux et les Français : chacun doit avoir accès à la formation professionnelle la plus adaptée pour retrouver rapidement un emploi, quel que soit son âge, son origine ou son niveau de formation initiale mais l’offre actuelle ne permet pas aux actifs d’acquérir les moyens de répondre aux nouveaux besoins économiques. En effet, un an et demi après l’adoption de la loi relative à la formation professionnelle, à l’emploi et à la démocratisation sociale du 5 mars 2014, l’offre de formation professionnelle doit être totalement repensée pour être en phase avec les besoins du marché.
1ème proposition : améliorer la qualité des offres de formation en organisant leur mise en concurrence
Les filières de formation sont encore trop inertes et inadaptées à la mutation de l’économie française, du fait notamment de la résistance des instances paritaires.
Il appartient à l’État de mieux réguler la définition du contenu des formations professionnelles en introduisant une obligation de transparence de l’offre. Avec la mise en concurrence des différents organismes de formation professionnelle, l’instauration de labels de qualité pour la validation des diplômes, et des politiques d’incitation des régions à veiller au rapport qualité/prix des formations proposées, le contenu de l’offre en serait considérablement amélioré.
Les différentes formations existantes pourraient être aussi présentées sur un catalogue unique en ligne de telle manière à ce que leurs principales caractéristiques apparaissent clairement : localisation, secteur, avantages, inconvénients, coût etc… et qu’une comparaison entre celles-ci soit offerte à tous les salariés en recherche d’emploi ou non.
2ème proposition : réduire le poids des intermédiaires entre les chercheurs d’emploi et les organismes de formation
En donnant aux chercheurs d’emploi la liberté de choisir directement et sans intermédiaire la formation qui leur convient, on améliorerait l’efficacité de cette dernière.
Le choix final de la formation doit appartenir exclusivement au chercheur d’emploi qui entrera directement en relation avec l’organisme de formation sans passer nécessairement par les intermédiaires que sont les organismes paritaires collecteurs agréés. L’octroi, à travers le compte personnel d’activité, d’un « chèque » formation professionnelle permettrait au salarié de payer directement l’organisme, à l’instar du système allemand.
La sélection, par le chercheur d’emploi, de la formation adéquate doit aussi faire l’objet d’une aide à l’orientation pertinente, ce qui relève de la mission de Pôle Emploi (information, conseil et assistance dans la sélection de la formation professionnelle la plus adaptée à leurs besoins). A cet égard, une réforme de Pôle Emploi serait à envisager simultanément afin qu’il devienne aussi un service public de la formation professionnelle.
3ème proposition : repenser l’organisation de la formation professionnelle
A 32 milliards d’euros en 2015 la formation professionnelle représente un coût cumulé supérieur au budget de la défense nationale mais son efficacité est plus que limitée, notamment en raison d’une organisation administrative confuse (complexité administrative, doublon des instances, incohérence des priorités affichées) et en dépit du rapprochement de l’offre de formation des régions voulu par la loi du 5 mars 2014.
Une remise à plat des instances de formation professionnelle s’impose en établissant un lieu unique de décision avec un partage des compétences: les grandes lignes de la politique de formation professionnelle doivent relever de l’État mais la gestion opérationnelle et le suivi des politiques publiques doit appartenir aux régions.
Conclusion : l’amélioration de l’efficacité de notre système de formation professionnelle repose sur l’adoption d’un principe : la liberté, pour tout salarié, de choisir sa formation sans intermédiaire. La mise en concurrence entre les offres de formation professionnelle doit être le second principe. Le dernier est la réorganisation d’urgence de la formation professionnelle. Certains économistes chiffrent à près de 500 000 le nombre d’emplois qui pourraient ainsi être pourvus par une main d’œuvre mieux formée.