La suppression du CDI est présentée comme la panacée : elle libérerait les chefs d’entreprise des contraintes juridiques qui les empêchent de recruter et de licencier aussi simplement que la création de valeur l’exige. Les partisans de la suppression du CDI pensent en effet que le marché du travail français mériterait d’être assoupli. Cette vision repose sur une double imposture.
La première concerne la “rigidité” du droit du travail français. Non, le marché du travail français ne manque pas de flexibilité. D’une part, la France est l’un des pays d’Europe où le taux de salariés en CDD est le plus important : en 2012, 10,3% des salariés sont en CDD, et 2,8% sont intérimaires. Deuxièmement, les chefs d’entreprise disposent d’outils juridiques leur permettant, lorsqu’ils respectent la loi, de rompre le contrat de travail et même de trouver un accord avec le salarié au moyen du départ négocié.
En revanche, les difficultés commencent en cas de contentieux. Les jugements des tribunaux des prud’hommes sont longs et aléatoires, ce qui n’est pas propice au retour à l’activité du salarié et entrave la visibilité du chef d’entreprise qui souhaiterait recruter rapidement. Néanmoins, la suppression du CDI ne changerait rien à l’organisation des conseils de prud’hommes, qui mériterait d’être professionnalisée ou améliorée, comme le prévoit la réforme engagée par les pouvoirs publics.
Sécuriser les parcours professionnels
Les exemples étrangers, notamment des pays du nord de l’Europe, sont à cet égard instructifs : il faut jeter les bases de l’instauration d’une sécurisation des parcours dans l’emploi en France pour faciliter l’évolution professionnelle. Enfin, la simplification administrative et l’assouplissement des formalités qui pèsent sur l’activité des entreprises doivent être accélérés : réduire les complexités et les incertitudes liées à l’obtention de subventions, d’autorisations diverses, ainsi que le gouvernement a commencé à le faire.
Loin du simplisme du slogan “Il faut supprimer le CDI”, ces propositions permettraient de modifier en profondeur le fonctionnement du marché du travail, d’améliorer la qualité de l’emploi, les conditions de travail et, à terme, de faire baisser le chômage.