Le 18 septembre 2013, L’Usine Nouvelle [1] délivrera le trophée des femmes de l’industrie pour honorer les femmes de l’industrie au parcours remarquable. Cet événement, inauguré en 2012, récompense ainsi la meilleure « femme entrepreneur », femme du numérique, femme de production etc…
Si ces trophées signalent, par leur appellation même, une vision manichéenne, façon « Martine à la plage » de la femme, ils participent néanmoins d’une même logique : valoriser les parcours de femmes dans des milieux très masculins
Cette démarche, partagée aussi par le syndicat conservateur UIMM, mérite d’être soulignée tant il est vrai que la question du genre est assez peu étudiée. Elle est même, comme le dit Rachel Silvera[2], absente des théories et des politiques économiques. Pourtant la place de la femme dans tous les secteurs de la vie économique est essentielle : d’abord du point de vue de l’égalité homme-femme, donc pour des raisons philosophiques évidentes, mais aussi pour des raisons socio-économiques.
En effet, augmenter la part des femmes actives dans le secteur industriel, et ce à tous les niveaux hiérarchiques, aura un impact sur l’organisation du travail de tous. Pour concilier vie professionnelle et vie familiale, il faudra bien que les horaires de travail le permettent. Une réorganisation du travail à l’aune d’une amélioration de la vie quotidienne des familles ne peut qu’avoir un impact positif sur le bien être en entreprise et, plus globalement, sur le mieux être en société.
Les retombées seront également positives en ce qui concerne la compétitivité : si les études économétriques n’existent pas encore à ce sujet, on peut néanmoins, intuitivement, imaginer que l’intervention des femmes dans la vie industrielle contribuera à diversifier les approches de développement stratégiques, encouragera l’innovation et, à long terme, contribuera à la croissance.
Par ce que l’éloignement des femmes de la vie économique repose, pour partie, sur des réflexes individuels d’auto-censure, il faut donc encourager les initiatives qui valorisent celles qui ont osé. Ainsi, tout ce qui peut permettre d’encourager les femmes à s’investir dans des secteurs dont elles sont traditionnellement exclues est bon pour la cause.
[2] Rachel Silvera est économiste du travail, maître de conférences à l’Université de Paris X, chercheuse à MATISSE (Université de Paris I)