Le 11 décembre dernier, Etienne Lengereau et le promoteur Cogedim ont présenté au Beffroi un projet de dégradation majeure du cadre de vie des habitants actuels du quartier Plein Sud. Ce projet, les Halles de Montrouge, est né de l’idée de mettre en commun le lot que veulent céder les Editions Législatives et la parcelle du marché de la Marne détenu par la commune, pour en faire un aménagement commun. Les montrougiens sont venus nombreux assister à cette présentation, à la mesure de leur inquiétude. Ils n’ont pas été rassurés : l’analyse d’impact pour les habitants actuels a été soigneusement éludée, la réunion étant consacrée à la promotion des futurs logements. Le Beffroi s’est transformé pour un soir en bureau de vente Cogedim.
Revenons donc sur la litanie de mensonges servie aux Montrougiens pendant cette réunion avant de présenter des alternatives possibles.
Un projet concerté
Le projet est présenté comme le résultat d’une concertation avec les riverains. C’est un mensonge grossier puisque personne n’a été concerté. Même le comité de quartier, dont ce devrait être le rôle, n’a pas eu de présentation du projet et n’a pas été sollicité pour faire des remarques et des propositions.
La meilleure preuve est probablement la maquette du projet qui est actuellement installée à la mairie dont la date est « Avril 2022 » : entre le début de la prétendue concertation et aujourd’hui, il n’y a donc eu aucune modification ! |
Le comité de quartier aurait aimé participer au cahier des charges et à l’étude des quatre propositions faites à la ville. Le semblant de concertation a lieu en ce moment, à des horaires incompatibles pour ceux qui travaillent : circulez, tout est décidé.
Ah non, pardon…. Il y a un an, quelques Montrougiens triés sur le volet ont participé à une réunion de présentation des quatre maquettes. Nous les avons interrogés : après une introduction des enjeux du projet, Etienne Lengereau s’est enfuit et tous les participants ont dénoncé des maquettes démesurées dont ils ne voulaient pas.
Un ilot de fraicheur
Le terme est à la mode. Etienne Lengereau a donc décidé que ce projet allait en être un. Et c’est un mensonge.
Les ilots de fraîcheur sont les principales mesures d’adaptation au réchauffement climatique pour nos villes. Ce sont des espaces, répartis dans la ville, aménagés pour atténuer l’impact du réchauffement. On les débarrasse des sources de chaleur comme la voiture, on y favorise la circulation d’air, on y apporte de l’eau, on profite des arbres de grandes hauteurs pour l’ombre, on porte un soin particulier à l’effet d’albedo : ce sont les lieux naturellement climatisés de la ville, destinés à être des points de rendez-vous, de rencontre, de partage en particulier pour les plus vulnérables d’entre nous.
Mais à Montrouge, il n’y a toujours pas de plan d’adaptation. On peut donc faire et raconter n’importe quoi sur la préservation de l’environnement : couper les grands arbres Avenue Jean Jaurès, expulser les propriétaires de maisons avec jardin pour faire des immeubles rue Chopin et venir déposer plusieurs dizaines de milliers de tonnes de béton à la place du marché de la Marne. Les photos de la maquette parlent d’elles même. |
Le résultat de ce projet ne sera pas un ilot de fraicheur mais sera tout simplement la création, in extenso, d’un ilot de chaleur : la circulation d’air pour les habitants actuels n’existe plus, la masse de béton va accumuler la chaleur la journée et la restituer la nuit pour accélérer localement les seuils de canicule. Les toits végétalisés, s’ils ne sont pas brulés le premier été comme les autres toits végétalisés de Montrouge, n’auront un effet rafraichissant que pour les habitants du dernier étage des futurs immeubles. Enfin, les arbres de la maquette, coincés entre deux immeubles, auront la même espérance de vie que ceux de la place Jean-Jaurès : mainte fois remplacés.
Au saccage environnemental s’ajoute la privation de lumière pour la plupart des riverains : il fera nuit sept jours sur sept, toute la journée.
On demande donc tout simplement aux habitants actuels de sacrifier leur cadre de vie pour le succès, incertain, d’une promotion immobilière démodée avant d’être sortie de terre.
Comment un maire peut-il cautionner une telle folie ? Comment peut-il de surcroit participer à l’élaboration d’une telle folie ? Personne n’a de réponse mais chacun sait que certains maires ont plus d’appétence dans la promotion immobilière que dans l’intérêt général des habitants.
Quel projet alternatif ?
Ce quartier a toujours été délaissé par les maires successifs de Montrouge. On y a vu pousser les immeubles de plus grande hauteur, un taux de logement social très supérieur à la moyenne de la ville, on y a supprimé le service public, la Semarmont n’a pas investi dans les rez-de-chaussée pour y avoir des commerces attractifs. Le marché de la Marne s’inscrit aujourd’hui dans cet héritage : du goudron qu’il est urgent d’aménager.
En 2020, dans le cadre des élections municipales, l’Avenir N’attend Pas (Demain Montrouge) avait proposé la désartificialisation du lieu et envisageait de travailler avec le comité de l’urbanisme qui devait être créé pour imaginer un lieu destiné aux riverains et au développement économique du lieu.
Un an plus tard, Etienne Lengereau dépensait 100 000€ pour poser des bacs de jardinage, gabegie dont il est coutumier. Du jardinage, toujours du jardinage, c’est le Credo d’Etienne Lengereau.
En 2024, alors que le budget de la ville prévoit 15 millions d’euros d’investissements au cœur de Montrouge, pas un centime ne sera consacré au quartier Plein Sud. Etienne Lengereau est d’ailleurs très fier d’annoncer que le projet d’aménagement du marché ne coutera pas un sou à la ville, en omettant de préciser que cela oblige le promoteur à créer des immeubles de 14 étages pour équilibrer financièrement une halle municipale dont personne ne semble comprendre l’intérêt. Une halle de deux étages, coincée entre les immeubles.
Dans une ville gérée pour tous, chaque quartier de la ville devrait bénéficier des mêmes dotations d’investissement.
Mais admettons, les finances de la ville étant très dégradées, que le projet soit neutre pour le budget de la ville. Beaucoup de projets seraient néanmoins possibles. Par exemple : vente des Editions Législatives, préemption au prix des domaines adossée à un organisme foncier (EPFIF par exemple) comme Etienne Lengereau a coutume de le faire, autorisation administrative accordée pour transformer les éditions législatives en logements, vente du lot à un promoteur après concours organisé avec le comité de quartier, construction de logements R+5 sur l’unique emprise des éditions législatives. D’après nos calculs, l’opération pourrait rapporter au moins 2 millions d’euros que nous pourrions utiliser pour transformer l’actuel marché de la marne en ilot de fraicheur et en lieu de rencontre, à l’ombre du grand cèdre.
Pour éviter ce projet calamiteux de la ville et associer les montrougiens à un projet d’adaptation, mobilisons-nous !
Matthieu Leprince pour l’ANAP Montrouge
Contacts : lavenirnattendpas@gmail.com – 07 88 10 21 77