Nos concitoyens sont de plus en plus nombreux à attendre que les gouvernements qui ont prétendu avoir entendu et compris leurs attentes arrêtent de “bricoler” et de courir après les terrains et les crédits.
Qu’ils se décident enfin à soumettre au Parlement une loi de programmation pour le logement, avec des objectifs clairs et datés, exprimés en offres de logement très sociaux, sociaux et intermédiaires et des financements.
Notre République se déconsidérerait encore plus si elle continuait à recenser les demandeurs de logements, en allant même jusqu’à reconnaître à certains d’entre eux un ” droit au logement”, sans se donner les moyens de tenir ses promesses dans des délais affichables et gérables.
Que l’Etat enfin, une fois exprimés ses objectifs et ses priorités, ose et sache au besoin les imposer à tous les décideurs, à tous les intervenants, quelque soit leurs intérêts particuliers et leur statut.
Les orientations proposées ici se situent dans cette approche, tout en privilégiant, pour la crédibilité même du futur gouvernement de la France, des actions pragmatiques, claires et concrètes dont les effets seront perçus dés la fin des deux premières années du quinquennat. Car l’expérience nous a montré qu’entre la décision de construire un immeuble social d’habitation dans une grande agglomération , et l’entrée de ses nouveaux locataires, il s’écoule trois ans au moins…..
Des solutions adaptés à la demande
La règle des “trois tiers bâtis” préconisée par François Hollande va bien dans le sens de la mixité ( logements sociaux à loyer modéré, logements en accession sociale, logements libres), mais son application prendra du temps.
Il faudrait envisager aussi des projets d’habitation d’urgence, à gérer avec des associations intermédiaires comme Emmaüs, pour disposer rapidement d’un minimum de logements qui constitueraient une solution de transition en attendant les 150.000 logements très sociaux prévus dans les 60 engagements.
Pour les logements à loyer intermédiaire, le recours à des projets d’intérêt public à monter avec des promoteurs ou des investisseurs institutionnels dont il faudrait relancer l’intervention, mériterait d’être développé, pour recréer plus rapidement une offre de logements à des loyers abordables dans les grandes agglomérations. Quant aux logements sociaux à loyer modéré, leur financement dans le cadre du programme d’intérêt national de construction de 2,35 millions d’unités exigera non seulement des prêts massifs de la Caisse des Dépôts après le doublement des plafonds de placement sur les livrets d’épargne , mais également pour ne pas obérer les fonds propres des organismes d’HLM, un concours en subvention très important de la part de l’Etat et des collectivités territoriales.
A cet égard, et dans l’optique des mesures de relance de l’économie, cet effort pourrait si nécessaire être soutenu par un grand emprunt national dédié au logement dans le cadre d’une loi de programmation ( cf.supra).
L’intégration des logements sociaux dans les projets de développement des transports publics.
Dans les régions les plus denses du territoire, l’impact croissant du coût du foncier n’a pas été maîtrisé, et les retombées du développement des transports publics ont été le plus souvent laissées aux propriétaires des terrains et aux et promoteurs du secteur privé.
Malgré les efforts consentis par les autorités d’organisation et de tarification des transports dans les très grandes agglomérations, le coût des transports grève de plus en plus les budgets des familles contraintes, pour trouver à se loger à un prix supportable, de s’éloigner de plus en plus de leur lieu de travail.
Dans cette situation, la nécessité de mettre en place et de fortifier l’intervention de l’Etat dans l’aménagement des territoires de ces grandes agglomérations s’impose. A cet égard, la création d’une Société du Grand Paris en charge de la construction de nouvelles lignes de métro irait dans ce sens, si ses choix et ses options de dessertes étaient clairement en phase avec des projets de constructions de logements sociaux
Enfin, l’impact du coût des transports sur les budgets des locataires les moins favorisés dans les immeubles sociaux les plus excentrés pourrait faire l’objet d’une allocation compensatrice quand le total du loyer et du coût des transports collectifs pour la famille atteint ou dépasse 30% de ses revenus.