L’avenir n’attend pas est une association loi 1901 qui réunit des personnalités de tous les horizons. Fondée en 2012, son objectif est de changer la manière dont se prennent les décisions politiques, trop déconnectées de la vie réelle, en écoutant plus et mieux la société civile ; de rétablir la confiance entre citoyens et puissance publique et d’intégrer la dimension du long terme, notamment en donnant une place prioritaire à la jeunesse[1]. L’avenir n’attend pas entend promouvoir la méthode de « l’innovation sociale », c’est-à-dire la co-construction des politiques publiques avec la société civile organisée.
Ce que nous sommes :
Français, républicains, démocrates, écologistes, féministes et universalistes, européens, humanistes, et attachés à la défense, ensemble, des libertés fondamentales.
Ce que nous croyons :
– l’état de droit et les libertés fondamentales sont malmenés depuis trop longtemps, la République est désincarnée pour nos concitoyens qui n’ont plus confiance en elle ; notre système institutionnel, trop vertical, n’est plus doté des contre-pouvoirs indispensables et n’entraine plus l’adhésion. Notre premier engagement est de travailler à la restauration du lien de confiance entre citoyens et politiques, pour qu’ils réinvestissent la République. A cet effet, nous chercherons des solutions pour révolutionner nos institutions démocratiques et œuvrer ainsi à la redéfinition d’un projet de société partagé.
– au rang des urgences politiques majeures, se trouve l’immense défi de la crise écologique, qui nécessite de repenser totalement notre modèle économique pour inventer d’autres leviers de croissance et d’autres manières de produire, notamment à travers l’économie sociale et solidaire, et de concevoir une régulation du capitalisme financier plus forte et plus exigeante.
– les inégalités sociales, le creusement de l’écart des richesses et, pour les plus pauvres, l’absence de perspective d’émancipation sont une source de repli et de désespérance. Notre troisième engagement est de reconstruire une cohésion sociale, pour une société plus juste, plus apaisée, plus solidaire. Trouvons le moyen de « faire société » pour éviter la désagrégation de notre pays, la fracture sociale et le sentiment de relégation nationale tristement vécu par une partie de nos concitoyens.
Enfin, sur la méthode, nous voulons faire de l’innovation sociale le moyen de repenser notre système politique, d’en améliorer l’efficacité et d’en faire partager les fondements. Il s’agit d’élaborer les grandes lignes des politiques publiques en y associant toutes les parties prenantes issues de la société civile. Des solutions pragmatiques et efficaces aux problèmes de notre société existent, elles doivent être repérées, valorisées et analysées pour être généralisées, dans la mesure du possible. Dans les domaines du logement, de la santé, de l’éducation, de la formation, de l’écologie, de l’emploi, de la lutte contre la pauvreté, l’exclusion ou les discriminations, l’efficacité doit être fondée sur l’exemple et la preuve. L’innovation sociale est une méthode de décisions et de gouvernance qui repose sur un processus de co-construction, avec les acteurs privés, syndicats, associations, citoyens et toutes les autres parties prenantes de la société française, préalable à la décision entre décideurs de la sphère publique.
Ce que nous voulons faire
Alors que la France et le monde sont frappés par une pandémie inédite et révélatrice des dysfonctionnements de notre organisation sociale, administrative et économique, l’avenir n’attend pas entend lancer un nouveau cycle de réflexion et proposer des solutions politiques nouvelles.
Nous nous fixons donc comme objectif de repenser, selon un processus d’innovation sociale, c’est-à-dire en écoutant la société civile organisée, les six piliers d’un nouveau projet de société.
- Repenser la démocratie, refonder la République, préserver les libertés et assurer la sécurité pour tous.
Il est nécessaire aujourd’hui de repenser notre démocratie fragilisée et de renforcer notre République, affaiblie par le délitement de l’adhésion aux principes républicains ; par un abandon de l’universalisme au profit des tentations communautaristes, des individualismes exacerbés ; par un pouvoir exorbitant dévolu à l’exécutif et à la technostructure aux dépens des élus (Parlement et territoires), de la justice, des organes de contrôle et de régulation, de la société civile et des citoyens. Lutter contre le délitement démocratique, c’est aussi lutter contre toutes les discriminations et contre tous les séparatismes, promouvoir une nation française, en bref, réhabiliter la vision qu’en donne Ernest Renan, ce « plébiscite de tous les jours »[2].
- Inventer un autre modèle économique et financier.
Pour inventer un autre modèle économique et financier, l’Etat doit développer une vision stratégique de long terme et dégager des orientations économiques et industrielles fortes en soutenant l’innovation de rupture, en faveur des populations, de l’écologie et de la qualité de vie. Nous devons repenser la régulation à l’aune de l’intérêt général, de l’impératif écologique, technologique (Gafam et Batx) et numérique et de la justice sociale. La puissance publique doit jouer son rôle de régulateur, en intervenant quand c’est nécessaire, soit par délégation, soit par contrôle direct, et ce, au niveau national et européen. L’autorité de l’Etat et sa voix en tant que régulateur du marché doit être assumée.
- Écologie : innovation, croissance verte, économie sociale et solidaire, économie circulaire, biodiversité et défense de la faune et de la flore.
La révolution écologique répond à une urgence vitale pour la planète et pour l’homme. La crise sanitaire, qui résulte en partie du dérèglement écologique, en est l’illustration. Nous souhaitons que l’action dans les domaines de l’écologie se rapprochent des discours politiques tenus (par exemple, algues vertes, boues rouges, pollution de l’air et maladies associées, dérèglement du vivant lié à l’agriculture intensive, zoonoses…). Nous souhaitons que la France s’engage sur la voie de la croissance verte, en généralisant et en valorisant les techniques de transition écologiques et industrielles qui ont déjà fait leurs preuves dans certains territoires (fret, permaculture, construction biosourcée…). Nous voulons être les promoteurs d’une écologie pragmatique, mais exigeante et ambitieuse. Nous souhaitons développer un cadre de régulation mondial et européen. Comment donner à la prochaine COP une efficacité géopolitique sérieuse ? Comment faire de l’Europe un leader mondial de l’économie verte et de la France un leader européen ?
- Solidarité : sécurité sociale, santé, lutte contre les inégalités sociales, ascenseur social, classes sociales.
La France souffre d’une augmentation des inégalités sociales et d’un accroissement du taux de pauvreté. Cette dislocation affecte la force de notre pays et fragilise la cohésion sociale. Notre objectif est de trouver les moyens financiers et humains de réduire la pauvreté, de lutter contre l’insécurité sociale et la crainte du déclassement. Nous faisons le pari de l’efficacité de l’action publique et considérons que la lutte contre les inégalités sociales et le combat pour l’inclusion sociale sont un investissement pour l’avenir.
- Investir massivement dans la jeunesse, de 0 à 20 ans.
Pour préparer le monde de demain, la France doit investir massivement dans la petite enfance, parce que beaucoup se joue avant 5 ans et que c’est le bon moment pour repérer et remédier aux difficultés avec efficacité. Un euro dépensé dans l’éducation, la santé, le bien-être d’un individu pendant la période de la petite enfance et de l’enfance d’un individu, c’est 100 euros d’économisés à l’âge adulte. La France doit aussi investir dans l’enfance et la jeunesse. L’éducation et la recherche, l’enseignement, la culture, le sport sont des priorités nationales, ce sont des investissements pour l’avenir, ils ne doivent plus être sacrifiés mais considérés comme essentiels pour construire la France de demain.
- La France en Europe et dans le monde : la souveraineté, les frontières
Dans un monde de plus en plus interdépendant et de moins en moins multilatéraliste, nous devons renforcer de manière significative notre implication en faveur de la coopération internationale, pour la recherche de la paix, la promotion des droits de l’homme et la lutte contre le réchauffement climatique. L’Europe, qui souffre aujourd’hui d’un déficit démocratique et de rigidités institutionnelles d’envergure doit être réformée, ainsi que la zone euro. Cette réforme institutionnelle doit promouvoir des valeurs démocratiques et la Convention européenne des droits de l’homme. Elle doit être complétée par des nouvelles initiatives à la carte : politiques, industrielles, technologiques, environnementales, culturelles et sociales, destinées à affermir l’autonomie stratégique de la France et de l’Europe.
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Nous lançons donc un travail avec les associations concernées mais aussi toutes celles et tous ceux, citoyens, élus, entreprises, qui souhaitent s’investir dans cette démarche pour élaborer des propositions innovantes et partagées. L’avenir n’attend pas avait déjà formulé des propositions sur ce modèle en 2018 et 2019, dans le domaine des politiques migratoires et de l’écologie, avec l’ensemble des associations et ONG spécialisées dans ces questions mais aussi tous les citoyens soucieux d’y contribuer.
La crise et la période que nous traversons ne font, paradoxalement, que renforcer notre motivation car « Quelle que soit la chose que vous pouvez faire ou que vous rêvez de faire, faites-la. L’audace a du génie, de la puissance et de la magie. Commencez-dès maintenant. » Goethe
[1] L’avenir n’attend pas se fonde notamment sur les travaux de l’économiste américain James Heckman, pour qui un dollar dépensé avant 10 ans sur un enfant, c’est 100 dollars d’économisés après 18 ans. En 2007, l’étude conjointe de ce prix Nobel d’économie et de l’économiste russe Dimitri Masterov montre que dans des populations défavorisées, lorsque l’on investit un dollar dans la formation des professionnels de l’enfance pour qu’ils développent les compétences socio‑émotionnelles de la petite enfance, on économise cent dollars à l’âge adulte en prévention des risques de chômage, d’exclusion sociale, de délinquance et de tout type de déviance [Heckman J. J., Masterov D. V. The productivity argument for investing in young children. Applied economic perspectives and policy. Review of Agricultural Economics, 2007, vol. 29, no 3 : p. 446‑493]
[2] Mars 1882 Ernest Renan « Qu’est-ce qu’une nation ? » Éditions de la République des Lettres (https://republiquedeslettres.fr/renan-nation.php)