Dominique Gambier, maire de Déville les Rouen, Vice Président Région HN
Cet été, le gouvernement a publié une loi importante pour l’Economie Sociale et Solidaire (ESS), un secteur généralement mal connu et peu valorisé. Bien souvent, il est compris comme étant réduit aux activités caritatives ou à l’économie « bas de pyramide », alors que ce secteur dynamique est source de nombreuses innovations.
Dans son rapport rendu début juillet, l’INSEE a révélé que l’économie sociale et solidaire représentait près de 10 % de l’emploi salarié national et 8 % des salaires (au total, 2,3 millions de salariés).
Comme le souligne l’INSEE, « La sphère de l’économie sociale est longtemps restée en dehors des préoccupations traditionnelles des économistes ».
Pourtant, l’économie sociale et solidaire est totalement en phase avec les pratiques actuelles des citoyens sur les réseaux numériques et il est possible d’en faire un réel levier de relance économique via deux axes originaux :
- exploiter le levier du financement participatif « crowdfunding »
- renforcer et développer le numérique solidaire.
En effet, le financement participatif qui consiste à solliciter les particuliers ou des personnes morales pour soutenir financièrement un projet, décolle en France depuis 2 ans. Selon l’association Financement Participatif France, 66 millions d’euros ont ainsi été investis dans des projets depuis le début de l’année (soit le double qu’en 2013 à la même période). Au niveau mondial, ce serait plus de 5 milliards de dollars qui auraient été levés par ce biais en 2013. Au moment où l’argent public se fait rare, c’est une réelle opportunité pour l’investissement.
Ces chiffres doivent inciter l’économie sociale à s’engouffrer dans ce mode de financement. En effet, 37 millions d’euros ont été investis par les Français sous forme de prêt et 19 millions sous forme de dons. Ainsi, que ce soit pour des opérations d’acquisition de matériel, pour la création de produits à bas coûts, pour des démarches dites d’innovation frugale, le crowdfunding est une solution efficace, simple à mettre en œuvre via des outils déjà existants et qui répond parfaitement aux attentes des structures de l’ESS.
Par ailleurs, dans les processus de co-création, de travail collaboratif ou de management participatif, axes fondateurs de l’ESS, le numérique doit à l’évidence être privilégié. Les environnements de réseaux sociaux professionnels ou ouverts à tous (type Facebook) sont des éléments de travail « en commun » efficaces mais aussi des vecteurs permettant d’atteindre un public large. Les principes même des réseaux numériques donnent à tous un même niveau d’information et permettent une gestion démocratique et participative, essence de l’ESS.
Enfin dans les axes de développement des structures de l’ESS, les outils du numérique peuvent contribuer à l’émergence de nouveaux projets, de nouvelles offres, notamment dans la culture (financements participatifs de projets culturels), dans l’aide aux personnes (avec des solutions de maintien du lien social via les réseaux sociaux par exemple dans la « silver économie »), la formation et l’éducation (enseignement à distance), etc…
Ainsi, la concrétisation des formes de management promues par l’ESS, le financement participatif de projets ou la création de nouveaux services, font que le numérique peut contribuer à « concilier activité économique et utilité sociale », définition de l’ESS.
Il serait donc important que les pouvoirs publics, conscients de ces enjeux, de ces imbrications, ne segmentent pas ces domaines et participent à une réflexion globale sur une vision du numérique solidaire…