Faites une revue de presse un matin, vous êtes assuré de la dépression ; le chômage, l’insécurité, les impôts…Vous vous demandez mais à quoi jouent les médias ? Et s’ils ne jouaient pas ? Vous consultez alors les enquêtes. Elles ne vous rendent pas plus optimiste. Vous interrogez vos voisins, les habitants de votre quartier et voilà leur réponse : « c’est la faute aux politiques, ils font des promesses et ne les tiennent pas, tous pourris. Aux prochaines élections nous irons voir ailleurs ».
L’exemple de Vitrolles, significatif
Allons donc voir ailleurs ce que promettent ces « autres » ceux du Front National pour ne pas les nommer. Pourquoi certains nouveaux adhérents les ont-ils si vite abandonnés ? Qu’ont-ils fait dans les municipalités qu’ils ont un temps gouvernées ? L’exemple de la ville de Vitrolles est significatif de ce que serait une gestion municipale par le FN aujourd’hui[1].
Significatif car la stratégie des Mégret ressemble à s’y méprendre à celle de la dauphine Le Pen. Mégret avait compris, plus de 20 ans avant Marine Le Pen, que pour conquérir le pouvoir, l’extrême droite devra être « propre sur elle ». Il a ainsi engagé une guerre sémantique aux termes jugés trop extrémistes comme l’illustre l’utilisation de l’adjectif « républicain » accolé à son parti « Mouvement national » en 1999 mais ne respecte en rien les principes fondamentaux de la République dans sa gestion locale. Il engage ainsi la guerre aux associations qui ne correspondent pas aux « valeurs » du FN : la fermeture de lieu d’expression culturelle comme le Café -musiques le Sous- Marin en 1997, la suppression des subventions aux associations qui n’avaient pas l’heure de plaire à la commune, ou encore le licenciement de la directrice du cinéma Les Lumières, Régine Juin , parce qu’elle refusait de dé-programmer un film sur l’amour au temps du SIDA, les exemples sont nombreux…
Mégret s’attaque aussi à la toponymie de la ville de Vitrolles en débaptisant par exemple la place Nelson Mandela pour la nommer place Marguerite de Provence. Les atteintes aux principes républicains protégés par la Constitution sont nombreux : les associations qui luttaient contre les discriminations et les inégalités disparaissent…et les affidés, amis et proches du parti du maire remplacent tout le personnel municipal et associatif, licencié.
Des cadres incompétents
La gestion communale de Vitrolles est aussi caractéristique de l’incompétence des cadres du FN qui n’ont aucune expérience de gestion, ni nationale ni locale. Sur le plan des finances communales, Vitrolles sort de la période Mégret endettée comme jamais depuis sa naissance, comme le montre le rapport de la Cour des Comptes du 30 juin 2002. L’anecdote est cruelle : pour la présentation du budget municipal, incapable de faire un budget, le couple d’élus fait appel à un cabinet privé rémunéré par les fonds de la commune. Les fonds communaux n’ont pas été utilisés pour le bien commun : ils n’ont pas entretenu le patrimoine et les bâtiments publics durant ces 5 années et utilisé l’argent public à d’autres fins que l’intérêt général.
Un nombre inouï de condamnations
Sur le plan judiciaire, la commune a dû s’acquitter d’un nombre inouï de condamnations suite à d’innombrables procès perdus devant toutes les juridictions : tribunal administratif, Prud’hommes, juridictions pénales. Ces condamnations sont autant le résultat de violation de la loi pour des raisons politiques que par ignorance des procédures administratives et du droit commun.
Aucune des mairies conquises n’est restée dans les mains du FN
Mais le plus incroyable fut la violence avec laquelle les Mégret ont géré leur ville et les relations avec ceux qui leur ont résisté. Le harcèlement des personnels municipaux était constant: système de délation, menaces et pressions permanentes. 50 cadres de catégorie A demandent et obtiennent leurs mutations. Ainsi, à Vitrolles, comme dans les autres villes dirigées par le FN (Marignane, Orange, Toulon), le bilan de la gestion communale est calamiteux. La justice a condamné certains des maires comme à Marignane où le maire, Simonpieri, est condamné pour avoir payé ses employés personnels avec les fonds municipaux et pour avoir fait bénéficier sa famille des largesses de la mairie avec des attributions de postes injustifiées. Les électeurs, aussi, ont condamné le FN pour l’incompétence de ses représentants mais aussi, peut être, pour la violence insupportable de ses pratiques : aucune de ces mairies n’a plus l’étiquette du Parti de Marine Le Pen.
Des discours haineux
Les témoignages des transfuges du FN sont éloquents : dans les sections du FN, les propos sont haineux, racistes, sexistes, homophobes et xénophobes. Les discours sont violents et parfois les actes aussi : on crache réellement sur les élus d’un autre parti, on les insulte et on s’attaque aux militants. Certes les dirigeants plus habiles parlent d’affabulation, tiennent un autre langage, modéré, élaboré mais laissent parfois échapper des phrases révélatrices du style « les Roms volent naturellement comme les oiseaux » et bien d’autres propos insoutenables.
Les faits parlent d’eux mêmes
Il y a, à l’évidence, deux fronts : celui qu’on montre en vitrine et celui de l’arrière-boutique. Pour faire la lumière et dire exactement ce dont le FN est capable, lorsqu’il est aux responsabilités, il faudra constamment revenir sur le bilan calamiteux des gestions locales que furent Vitrolles, Marignane et Orange. Les faits parlent d’eux mêmes, bien plus qu’un long discours.
http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20140312trib000819572/comment-le-front-national-gere-les-municipalites-l-exemple-de-vitrolles.html